Historique

Histoire de la Franc-Maçonnerie moderne

Tout en demeurant indissociable de ses origines plus lointaines, l’histoire de la Franc-maçonnerie telle que nous la connaissons aujourd’hui commence à l’aube du 18e siècle, plus précisément le 24 juin 1717, à Londres. Ce jour-là, jour de la Saint Jean-Baptiste, patron des Francs-maçons, quatre Loges de Londres décident de s’unir sous la direction d’un Grand Maître et se constituent en Grande Loge, sous le titre de « Grande Loge de Londres ». La jeune Grande Loge acquiert rapidement de la considération, au point que six ans plus tard, en 1723, date de la ratification de ses premières Constitutions, elle ne compte pas moins de 45 Loges sous sa juridiction. Dès 1730, on en trouve 106 à Londres et plus de 40 en province. Vers la fin du siècle, en 1787, on dénombrait 529 Loges, sans compter, bien sûr, les Loges d’Irlande et d’Ecosse où la Franc-maçonnerie était déjà présente bien avant 1717.

A partir de 1751, se produisit un schisme qui allait diviser les Francs-maçons anglais en « Anciens » et en « Modernes ». Les Anciens, qui n’avaient pas voulu adhérer à la Constitution de 1723, se référaient pour la plupart aux « landmarks » (règles, obligations) de la Loge d’York, laquelle prétendait remonter au 10e siècle. Ils créèrent donc une deuxième Grande Loge, celle des Anciens, composée en majorité d’Irlandais, pour s’opposer aux Maçons Modernes regroupés autour de la Grande Loge de Londres qui avait pris en 1738 le titre de Grande Loge d’Angleterre.

Une autre opposition se manifesta encore avec la constitution en France de degrés maçonniques, dits grades chevaleresques ou hauts grades. Cette opposition aboutit en Angleterre à la création, entre autres, de l’Ordre de Royal Arch. La naissance de ces « hauts grades » et leur diversité introduisit bientôt de nouveaux rites, dont l’application ne pouvait que contribuer à renforcer encore les divisions au sein de cette Franc-maçonnerie naissante.

La scission entre Anciens et Modernes dura jusqu’en 1813, date à laquelle l’acte de fusion des deux Grandes Loges devint officiel et la nouvelle Grande Loge se donna le titre de Grande Loge Unie des Anciens Francs-maçons d’Angleterre (aujourd’hui, Grande Loge Unie d’Angleterre). Il fut alors décidé qu’il n’y aurait que trois grades dans « l’ancienne et pure maçonnerie » (apprenti, compagnon, maître). L’Ordre de Royal Arch fut reconnu et les tenues de Chapitres pour les grades chevaleresques autorisées, mais sans qu’elles influent d’une quelconque façon sur les tenues des Loges, dites bleues, des trois premiers grades de la Franc-maçonnerie traditionnelle.

Enfin, une année plus tard, en 1814, les trois Grandes Loges d’Angleterre, d’Irlande et d’Ecosse signèrent un acte d’alliance pour la pratique des trois premiers grades.


Loge N° 27 « La Bonne Harmonie » à l’Orient de Neuchâtel

Après Genève, Lausanne et Zürich, la Franc-Maçonnerie fait son entrée à Neuchâtel le 9 mai 1743, avec la fondation de la Loge « Aux Trois Etoiles Flamboyantes », crée par le maire de La Chaux-de-Fonds, Jacob Perret.

En effet, le roi de Prusse, Frédéric le Grand, prince de Neuchâtel, étant Franc-maçon et Grand Maître de la Loge « Aux Trois Globes » de Berlin, il était naturel que l’on retrouve des maçons parmi les neuchâtelois qui gouvernaient le pays en son nom et il est même probable que ces Francs-maçons aient été initiés à Berlin.

On ne sait malheureusement que peu de chose de cette première Loge, sinon qu’elle dut probablement s’éteindre vers 1760.

Quelques 15 années plus tard, peu après la création de la Loge du Locle, une deuxième Loge se crée à Neuchâtel. Elle fut cependant très rapidement fermée parce que certains de ses membres s’occupaient trop de politique. Il faut se souvenir que cette époque précédait de peu la Révolution française et que les esprits étaient surchauffés.

C’est dans ce climat politique que naissait, le premier dimanche de mars 1791, sous le signe distinctif de « Frédéric Guillaume – La Bonne Harmonie » la Loge actuelle. Des maçons domiciliés dans le Vignoble et le Val-de-Ruz et qui fréquentaient la Loge du Locle avaient demandé à celle-ci l’autorisation de se réunir en « Comité d’instruction » à Neuchâtel. Ce comité, agréé par les Frères du Locle, tenait ses réunions les premiers dimanches de chaque mois, sous la présidence de Henri-Bernard de Meuron dans la maison « Thiébaud », rue de la Treille à Neuchâtel. C’est au cours d’une de ces réunions que la décision fut prise de fonder un Atelier à Neuchâtel.


La patente de « La Bonne Harmonie » de 1791

Installée en mars, c’est le 13 novembre de la même année, que la nouvelle Loge reçoit son agrégation à la Grande Loge « Aux Trois Globes » de Berlin. L’Atelier prospère ainsi jusqu’en 1797, mais la situation politique troublée rend le travail en Loge de plus en plus difficile.

Le 16 mars 1806, l’entrée, à la tête d’une division de six mille hommes, du général français Oudinot, lui-même maçon, qui vient prendre possession du pays au nom de la France, favorise à nouveau le développement de la maçonnerie.

Les travaux qui avaient pratiquement cessé, reprennent le 30 mai 1808 dans un nouveau local situé à « La petite Rochette » sous l’impulsion de treize Frères qui reçurent le nom de Rénovateurs de la Loge. Le Pays de Neuchâtel étant devenu français et ne dépendant donc plus de Berlin, la Loge demande son affiliation au Grand Orient de France. Les effectifs augmentent et des relations avec les Loges d’autres pays s’établissent.

Le Grand Orient ayant cessé toute correspondance en 1816, les Frères de la « Bonne Harmonie » se tournent vers le Grand Directoire Helvétique, obédience dans laquelle ils sont reçus le 2 janvier 1817. La Loge passe alors au Rite Ecossais Rectifié.

Les événements liés à la révolution neuchâteloise de 1831 et les graves tensions politiques entre la Suisse et la Prusse qui en résultèrent, eurent de lourdes répercussions sur la Loge qui vit fondre ses effectifs.

Malgré cela, les dix membres restant de l’Atelier participent en 1844 à la fondation de la Grande loge Suisse Alpina. L’activité de la Loge reprend et le 20 avril 1858, les Frères participent à la pose de la première pierre d’un nouveau local, sis à « Pierre-à-Mazel ». L’inauguration du bâtiment a lieu le 12 décembre 1859.

L’ancienne principauté prussienne étant devenue République et Canton de Neuchâtel le 1er mars 1848, la Loge décide, en 1858, de changer de patronyme. Elle supprime la première partie de son nom pour s’appeler simplement « La Bonne Harmonie ».

En 1867, les quatre Loges neuchâteloises se réunissent pour la première fois en tant que giron de l’Alpina.

La Loge est prospère et participe à une trentaine d’oeuvres charitables Elle compte parmi ses rangs un grand nombre des notables de la région. On peut citer entre autres Philippe Suchard et Auguste de Meuron de Bahia fondateur de l’hôpital psychiatrique de Préfargier. Durant cette période florissante, « La Bonne Harmonie » participe deux fois à la direction de la GLSA, d’abord avec Aimé Humbert, Conseiller d’Etat et ministre plénipotentiaire au Japon, qui sera Grand Maître de 1871 à 1874, puis avec le pasteur Edouard Quartier-La-Tente, qui deviendra également Conseiller d’Etat, créateur du Bureau International des Relations maçonniques et qui sera Grand Maître de l’Alpina de 1899 à 1905.

En 1914, la Loge ouvre ses locaux pour accueillir et soigner les réfugiés de la Grande Guerre.

En dehors de l’épisode Fonjallaz qui eut également à Neuchâtel des répercussions sur les effectifs et la prospérité de la Loge, les années 39 à 45 furent surtout marquées par la deuxième Guerre Mondiale, au cours de laquelle les maçons non mobilisés se sont efforcés de venir en aide aux nombreuses victimes

Une fois la paix revenue, les travaux reprennent de plus belle et l’Atelier retrouve son dynamisme et sa prospérité.

En 1972 l’Atelier décide de construire un nouveau bâtiment et, le 26 juin 1976, les nouveaux locaux sont inaugurés en présence du TRGM Paul Bauhofer.